PD Dr. med. Ch. Manser, MSc
Chef de service gastroentérologie et hépatologie hôpital Frauenfeld
L’introduction de l’anticorps monoclonal infliximab à la fin du siècle dernier a constitué une étape importante, non pas seulement dans le traitement des maladies inflammatoires de l’intestin (MICI) mais aussi dans le traitement d’autres maladies auto-immunes. Depuis l’autorisation de ce principe actif issu de la biotechnologie, une série d’autres médicaments biologiques est venue s’ajouter au fil des ans. Leur introduction a révolutionné le traitement des MICI. En effet, les médicaments biologiques ont ouvert aux patients atteints de MICI jusqu’alors difficilement traitables, l’option d’un nouveau traitement à la fois efficace et bien toléré. Outre les MICI, ceux-ci sont également utilisés pour traiter d’autres maladies auto-immunes.
Si les médicaments biologiques sont efficaces, ils sont également coûteux. De nombreuses études ont montré que, depuis leur introduction, les coûts de la santé ont massivement augmenté. Ainsi, en Suisse, chez les patients atteints de la maladie de Crohn, les dépenses annuelles moyennes en médicaments ont triplé entre 2006 et 2016 dont 90% de ces coûts étant imputables aux biothérapies.
L’expiration des brevets des produits biologiques a offert la possibilité de fabriquer des produits d’imitation moins chers. Comme les produits biologiques, les produits d’imitation sont fabriqués par biotechnologie. Ces derniers ne sont pas identiques mais fortement similaires aux produits biologiques, car il s’agit de substances actives à la structure très complexe produites dans des micro-organismes. C’est pourquoi les produits d’imitation sont appelés « biosimilaires ». Les médicaments biologiques et les biosimilaires peuvent être considéré presque comme des jumeaux. Cette forte similitude n’est pas propre au biosimilaires mais concerne aussi les médicaments biologiques. En effet, aucune unité de production d’un médicament biologique n’est identique à une unité de production précédente – très similaire mais pas identique.
Dans le processus d’autorisation des biosimilaires, il est vérifié qu’ils soient comparables au principe actif d’origine en termes d’efficacité, de sécurité et de tolérance. Ils sont donc équivalents, mais à un prix plus avantageux. Puisque que les biosimilaires sont 25% moins chers que leur produit de référence, ils ouvrent donc la voie à un potentiel d’économie considérable
Malgré le prix plus avantageux, il faut bien sûr s’assurer que le patient ne subit aucun désavantage lorsqu’il est traité avec un biosimilaire. Mon expérience avec les biosimilaires montre que cette condition est remplie. Les biosimilaires agissent aussi bien que la substance de référence et ont le même profil d’effets secondaires. Ils peuvent être utilisés en toute sécurité et sans inconvénient pour le patient. C’est pourquoi, dès qu’un traitement avec un médicament biologique est considéré, un biosimilaire devrait être préféré afin d’alléger le coût total de la santé. Plusieurs pays européens ont déjà largement adopté cette approche. Cependant en Suisse, un net besoin d’amélioration est nécessaire afin de prioriser enfin les biosimilaires à leur produit de référence.
PD Dr. med. Ch. Manser, MSc
Chef de service gastroentérologie et hépatologie
Médecin-chef
Hôpital Frauenfeld
